Yannick Agnel : « Nager, je n’en ferai pas ma vie »

Yannick Agnel a posé ses valises à Mulhouse, début octobre. Le double champion du monde et olympique de 22 ans, sous licence avec le MON depuis mai, s’y entraîne depuis avec son nouveau coach, Lionel Horter. Agnel s’est livré après quelques semaines, tel qu’il est. Extraits.

Voilà plus d’un mois que vous êtes à Mulhouse. Vous vous y sentez comment ?
J’ai trouvé ce que je suis venu chercher. Avec Lionel Horter, on fonctionne vraiment bien, c’est le début d’une belle aventure. Même si cela fait cliché, c’est ce que je ressens. J’aime bien l’idée que chacun de notre côté on ait eu notre histoire et que l’on puisse s’apporter cette expérience respective. On est comme deux gosses, on se dit : "ça va être génial cette année, on va se régaler". Déjà, dans la nage, je me sens mieux techniquement, je suis moins à la Rambo.

Qu’est-ce qui vous a plu ici ?
Les ours polaires (rires) ! Plus sérieusement, j’ai eu un peu d’appréhension au début. Sudiste dans l’âme, aller dans le Nord signifiait perdre en degrés. Mais jusqu’à présent, la météo a été plutôt clémente. Les gens à Mulhouse sont adorables, droits et honnêtes. Je suis choyé comme un prince, je ne peux pas me plaindre.

Auriez-vous, un jour, imaginé vous retrouver à Mulhouse ?
Pas plus qu’à Nice ou Baltimore. C’est cela l’aventure. Tant que je m’éclate dans mon sport, que je peux faire de belles rencontres, être épanoui, c’est primordial.

Passer de Baltimore à Mulhouse a été un choix naturel ?
Heureusement que Bob Bowman (son ancien coach) a été là dans ma carrière, je ne serais pas ici sans lui. Des hasards heureux m’ont conduit ici. Mon choix a été naturel dans la mesure où l’occasion s’est présentée de travailler avec Lionel Horter. À la suite de sa démission (il était Directeur technique national à la Fédération française), on s’est retrouvé tous les deux un peu désœuvrés. On s’est dit : "c’est idiot, il y a un truc à faire." Et puis le projet a mûri...

Avez-vous le sentiment d’inspirer les jeunes du MON ?
Si c’est le cas, c’est plutôt cool. Le plus beau cadeau, en tant que sportif de haut niveau, c’est de pouvoir inspirer des gamins. "Moi je veux faire lui plus tard, être comme lui, je veux être champion." Quand tu croises des gosses dans la rue, si tu peux simplement embellir leur journée, c’est bien.

Nager, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Un plaisir mais ce n’est pas ma passion, je n’en ferai pas ma vie. J’ai lu pas mal d’anciens sportifs de haut niveau, comme André Agassi et Laure Manaudou, qui racontent avoir toujours détesté s’entraîner. Ce n’est pas mon cas. J’aime la sensation de l’eau qui glisse sur ta peau quand tu prends de la vitesse. Voilà pourquoi je m’entraîne. Je suppose que j’ai l’œil du tigre car en compétition, je m’éclate. Je suis bien dans l’eau. Comme je suis plus individuel que collectif, souvent un peu lunaire, le monde du silence me plaît énormément.

Propos recueillis par PG - L'Echo mulhousien